Selon une récente étude menée par Finovox avec Selvitys, 10,8 % des français admettent avoir déjà utilisé un faux document, avec un taux de réussite de 73 %. Les jeunes générations sont particulièrement concernées : plus de 20 % des moins de 35 ans reconnaissent avoir falsifié des documents pour des démarches bancaires. « Les jeunes de 18-36 ans fraudent 2,4 fois plus, ils ont plus facilement accès à des outils et aux réseaux sociaux quils maîtrisent depuis leur jeune âge », admet Marc de Beaucorps, co-fondateur et président de Finovox. Les motivations révèlent une dynamique sociale complexe où s'entremêlent facteurs économiques et ressentis personnels. « Il ny a pas un profil de fraudeurs en particulier, il y a quelques années, un dentiste s’était coupé le doigt et avait constitué un dossier auprès de ses assureurs pour toucher des indemnités », donne en exemple Pierre Vanhoutte. En effet, selon le journal Nice Matin, si la manœuvre avait réussi, le dentiste aurait perçu au total près de 16 millions d'euros d'indemnisation jusqu'à ses 65 ans. In fine, le praticien avait finalement été condamné à une peine de prison avec sursis et devait rembourser 355 000 euros aux assureurs. Ces derniers feraient d’ailleurs face à des faits similaires de plus en plus fréquents.

La fraude à la portée de tous

Plus récemment, en 2023-2024, un article du Parisien mentionnait qu’un opticien, avec d’autres complices, avait en région parisienne  escroqué avec des fausses ordonnances la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) et l’assureur Groupama à hauteur de 2 millions d’euros. C’est d’autant plus simple de frauder aujourd’hui que des kits dédiés sont vendus quelques euros sur le darknet et même sur les réseaux sociaux ; justement, pour Marc de Beaucorps, il n’y a même plus besoin d’aller chercher des outils sur le darknet, ils sont à la portée de tous sur les réseaux sociaux. Pourquoi les gens fraudent-ils autant ? Selon l’observatoire sur la fraude documentaire publié par l’ESN Tessi, parmi les principales motivations relevées, 38 % des fraudeurs citent la précarité économique, 33 % le sentiment d'impunité et 25 % un sentiment d'injustice sociale. Cette diversité des motifs souligne le caractère multifactoriel du phénomène, loin de l'image traditionnelle d'une fraude uniquement opportuniste.